Pratique excessive des jeux vidéo ou d’Internet : tranche d’âge la plus touchée

Près de 20 % des adolescents âgés de 12 à 17 ans montrent aujourd’hui des signes d’usage problématique des jeux vidéo ou d’Internet, selon les derniers chiffres publiés par Santé publique France. Le constat est sans appel : les garçons sont deux fois plus concernés que les filles.

La courbe ne cesse de grimper depuis cinq ans. Les campagnes de prévention se multiplient, des dispositifs d’accompagnement voient le jour, mais rien n’enraye vraiment cette dynamique. Les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme face à des conséquences qui pèsent sur la santé mentale et le parcours scolaire des jeunes.

Pourquoi la pratique excessive des jeux vidéo et d’Internet inquiète aujourd’hui

Le temps passé devant les écrans s’est mué en véritable question de santé publique. Depuis 2018, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît les troubles liés au jeu vidéo comme de véritables pathologies. En France, la réalité frappe toujours plus fort : l’usage massif des écrans, qu’il s’agisse de jeux vidéo ou de réseaux sociaux, mobilise une part toujours plus large des adolescents.

Tout bascule lorsque la perte de contrôle s’installe. Les jeunes concernés confient leur difficulté à se déconnecter, même lorsqu’ils voient les conséquences peser lourds sur leur quotidien. Cette spirale ne relève pas du fantasme : anxiété, irritabilité, troubles du sommeil sont monnaie courante. L’isolement s’étend, les résultats scolaires plongent, le dialogue familial s’étiole.

Plusieurs manifestations concrètes émergent systématiquement dans ces situations :

  • Perte de contrôle concernant le temps passé à jouer ou à naviguer
  • Répercussions directes sur la vie sociale et la scolarité
  • Apparition de troubles anxieux ou de symptômes dépressifs

Les spécialistes voient le nombre de jeunes en difficulté face aux écrans grimper, parfois dès l’entrée au collège. Les jeux vidéo, combinés à la logique addictive des réseaux sociaux, étendent encore leur influence. Sur le terrain, les pédopsychiatres accueillent toujours plus de collégiens en perte de repères numériques, à peine sortis de l’enfance.

Quelles tranches d’âge sont les plus vulnérables face à l’addiction numérique ?

En France, la période de l’adolescence concentre le plus de cas de dépendance aux jeux vidéo et à la navigation en ligne. Les études nationales le répètent : environ un jeune sur cinq présente une utilisation problématique. L’entrée au collège agit comme un point de bascule : multiplication des sollicitations, réseaux sociaux omniprésents, offre de jeux toujours plus vaste.

Les 8 à 12 ans voient aussi leur exposition numérique progresser, même si les parents supervisent encore la plupart du temps. Mais c’est bien le passage à l’adolescence qui fait sauter les verrous : smartphone personnel, accès à une multitude de plateformes, autonomie croissante. Le temps d’écran grimpe alors rapidement, dépassant quatre heures quotidiennes chez beaucoup d’entre eux.

Certaines données simples aident à saisir l’ampleur du phénomène :

  • 80 % des adolescents jouent chaque semaine aux jeux vidéo
  • Plus d’un tiers des 11-14 ans dépassent les seuils recommandés pour le temps d’écran
  • La proportion de garçons concernés augmente nettement, surtout pour les jeux compétitifs en ligne

Dès lors, l’association entre accès anticipé, absence de cadres solides et attrait de la compétition crée une zone à risques pour collégiens et lycéens. On note aujourd’hui que même les primaires commencent à adopter des usages autrefois réservés aux adolescents, brouillant les frontières entre générations.

Facteurs de risque et signaux d’alerte à surveiller chez les jeunes utilisateurs

Le contexte dans lequel évolue l’enfant ou l’adolescent influence fortement sa vulnérabilité. Enfance solitaire, climat familial anxiogène, stress quotidien ou manque de confiance jouent un rôle non négligeable dans la tendance à se réfugier dans les écrans. Quand les difficultés relationnelles ou scolaires s’accumulent, certains jeunes préfèrent l’évasion numérique à la confrontation avec la réalité.

Certains comportements tirent la sonnette d’alarme. Si un adolescent passe l’essentiel de son temps libre devant l’écran, s’isole de plus en plus, délaisse ses loisirs habituels ou se désintéresse de son hygiène de vie, le signal est clair. S’ajoutent parfois perte de contrôle manifeste, irritabilité face aux restrictions ou baisse brutale des notes à l’école.

Les indices suivants permettent de repérer une évolution préoccupante :

  • Réduction des échanges avec la famille ou les amis
  • Sommeil perturbé, rythme jour/nuit désorganisé
  • Abandon d’activités auparavant appréciées
  • Comportement de dissimulation ou minimisation du temps passé en ligne

Les pratiques autour de jeux en ligne violents ou très compétitifs augmentent encore le risque, notamment chez les garçons. La littérature scientifique pointe la fréquence de ces dérives et la difficulté à retrouver un équilibre numérique sans appui extérieur, une fois l’habitude ancrée.

Des conseils concrets et des ressources pour retrouver un équilibre

Poser des repères clairs fait partie des mesures efficaces pour limiter les risques, à commencer par des règles adaptées à chaque tranche d’âge. Par exemple, la règle des 3-6-9-12 recommandée par Serge Tisseron trace un parcours progressif sans écran avant 3 ans, utilisation accompagnée de 3 à 6 ans, repères de durée fixés dès 6 ans, puis accompagnement pour la navigation internet à partir de 9 ans. De nombreux foyers s’en emparent pour remettre de la structure dans la vie numérique familiale.

Favoriser un équilibre passe aussi par la mise en avant d’autres activités, qui permettent de tisser des liens autrement :

  • Participer régulièrement à une pratique sportive
  • Développer des activités artistiques ou créatives
  • Créer des moments partagés avec des amis hors écran

L’activité physique associée à une vie de groupe vivante sont de réels leviers : ils réduisent l’attirance pour les écrans et soutiennent le bien-être psychique. Pour certaines familles, il peut s’avérer utile d’évaluer la situation en échangeant avec un professionnel formé sur ces sujets.

Si la perte de contrôle paraît installée, il ne faut pas hésiter à solliciter un médecin, un psychologue ou un pédopsychiatre. De nombreuses structures proposent des entretiens personnalisés ou une prise en charge adaptée. Les équipes de pédopsychiatrie, les services spécialisés en addictologie jeunesse, ou encore les associations d’accompagnement parental sont là pour accompagner la reprise d’un rythme de vie équilibré, avec un usage des écrans remis à sa juste place.

Les usages numériques s’installent tôt, sans retour en arrière possible. Pourtant, l’essentiel reste à portée de main : préserver la liberté de vivre, d’explorer, de tisser des liens au-delà du virtuel. Chacun, à son rythme, peut redéfinir la frontière où l’écran cesse d’imposer son tempo.